Le 17 mars 2020, le confinement dû à la crise sanitaire du coronavirus prend effet.
Plus le droit de sortir sans une autorisation et une raison valable. Pas non plus le droit de côtoyer des gens. Mon activité de photographe auprès de clients et de modèles se mettait donc en pause.
Je voulais cependant faire des photos. Avoir des choses à publier sur mes réseaux sociaux, m'occuper, documenter les jours qui se suivent.
J'ai alors décidé de faire un projet photo, que j'ai appelé #1photoeachdayinside. Autrement dit, réaliser une photo chaque jour de confinement. Et évidemment, dans les conditions du confinement, donc en intérieur. J'aurais pu tenter de trouver un champs pour faire des photos en extérieur, et alors me mettre en dehors de la loi puisque ce cas de figure n'est pas autorisé. Et puis c'était un challenge personnel que d'arriver à me réinventer et réinventer mon travail en intérieur, dans des conditions auxquelles je n'ai pas à me confronter habituellement. Puisqu'entre faire des photos en extérieur, et faire des photos en intérieur, je choisissais toujours le dehors ; l'espace, la nature, la lumières, les fleurs.
Pendant presque 2 mois, j'ai donc dû composer avec l'espace restreint, la lumière qui passait par les fenêtres, les accessoires que j'avais sous la main ...
Je commence le projet avec un GIF de cette petite boule à facettes et les derniers rayons de soleil qui s'y reflètent.
Pendant le confinement, j'ai beaucoup utilisé les miroirs en photo. C'est un accessoire toujours intéressant. Et que je n'ai pas fini d'utiliser, même hors période de confinement.
Avant le confinement, je m'entaille le doigt en coupant une butternut. Une de mes premières photos de confinement est donc mon doigt avec le pansement, et quelques violettes cueillies il y a quelques jours.
"Des murs derrière les murs"
Le confinement a été l'occasion de passer du temps sur l'ordinateur et surtout de tester de nouvelles retouches, d'apprendre de nouvelles astuces.
Sur Instagram, je demande à mes abonnés s'ils ont des idées de thème que je pourrais réaliser en photo.
Et on me donne le thème du temps.
"Funambule"
Un projet photo en confinement, c'est aussi faire avec le quotidien.
Le fond de cette photo, ce sont des draps qui sèchent. Et je trouvais ça joli, ce petit drapé, cette petite asymétrie.
Thème "Alice au pays des merveilles" avec deux autres photographes (Alice et Leona).
Ça faisait un moment que j'avais cette idée en tête. Un corps trop grand pour une maison trop petite, ça semble coller parfaitement à la période ...
Je choisis Déméter. Elle est la déesse de la fertilité et des saisons. Sa fille, Perséphone, est obligé de passer l'hiver aux enfers avec Hadès et non avec elle. Elle est alors triste en hiver, heureuse au printemps, au comble du bonheur en été et déjà nostalgique de devoir la laisser partir au printemps.
J'ai d'abord fait la photo de l'été avant d'avoir envie de faire l'automne. Et au final, je trouve que la représentation de cette déesse est assez cohérente en diptyque.
Faute de vraies fleurs, ce sera des fleurs séchées.
Thème de la folie avec deux autres photographes (Alice et Leona).
La folie c'est l'imprévisible. Quand tout s'agite après le calme.
Aujourd'hui j'ai eu l'opportunité de marcher dans quelques mètres carrés de terre et de ramasser ces fleurs. Ce n'était que des pâquerettes mais pour moi c'était un champs de fleurs.
C'est la fin. Il est temps de quitter la salle et de retourner à la lumière. Cette photo marque la fin de ce projet photo de confinement.
Il n'y a pas eu de moment de lassitude. Mais des moments où j'avais l'impression de me répéter, d'être un lion en cage ...
Après ce projet, apprécier de ne rien faire. Accepter de ne pas être créative tous les jours, de faire autre chose, de publier sur les réseaux sociaux de vieilles photos, ne pas culpabiliser de ne pas créer. Accepter de ne pas être photographe toute la journée, tout le temps.
Pendant deux mois, j'ai presque tous les jours pris une photo que je retouchais le jour-même pour la publier sur Instagram. (Ça me rappelle les challenges du type "365days" que j'ai pu faire il y a des années de ça). Il y a des photos toutes simples et puis des plus travaillées, et puis celles qui brouillent un peu les pistes ; qui paraissent compliquées, ou qui n'en ont pas l'air ... Aimer prendre la lumière en photo et puis aimer créer de toute pièce. Aimer les choses réelles et puis vouloir de l'extraordinaire.
Quand j'ai commencé ce projet photo, je ne connaissais pas sa date de fin. Au contraire des contraintes de thèmes que l'on peut trouver, c'était surtout une contrainte d'espace. Certaines photos auraient été mieux en extérieur mais c'est le jeu, c'est la règle, on fait avec et on est bienveillant avec soi et avec sa soif de perfection.
J'ai toujours aimé les projets photos, comme les séries et les collaborations. Avoir des contraintes et se défier soi-même.
Maintenant excusez-moi, mais je vais aller boire un thé et manger du chocolat.
Et peut-être travailler une ou deux photos.
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