Il ne s'agira pas dans cet article de photos (quoi que), ni de voyage (ou alors un immense), mais de grossesse.
En ayant 35 ans, ça ne m'aurait pas étonné que le parcours pour devenir maman soit compliqué, et j'ai entendu plusieurs fois la phrase "ça arrivera quand tu n'y penseras pas". Je ne comprends pas que l'on dise encore cette phrase culpabilisante et qui ne fait pas du tout avancer la situation. Et puis j'ai découvert que j'étais enceinte en février, après l'avoir rêvé et espéré plusieurs mois.
TW : hémétophobie
1er trimestre
C'est le trimestre tabou ; on sait qu'on est enceinte mais on ne peut pas en parler autour de nous à cause du risque de fausse-couche notamment.
Pas de symptômes particuliers le premier mois. J'en étais presque "fière". Et puis ... quelques nausées un samedi, m'empêchant de travailler.
À cette période là, je ne supporte plus aucune odeur (que je repère d'ailleurs de très loin) : Une bougie parfumée que d'habitude j'adore, un savon fruité, un gratin qui sort du four ... Tout me donne des hauts le cœur.
J'ai alors essayé d'adopter la technique de toujours grignoter un peu, pour ne pas avoir l'estomac vide et ainsi éviter les nausées. J'avais toujours une barre de céréales sur moi, des fruits secs ...
À mon travail salarié, j'essaye de ne pas éveiller les soupçons mais je grignote, je fais des siestes après manger ...
Les nausées sont très embêtantes. On parle de "nausées matinales", mais non non non, elles peuvent en fait durer toute la journée. Pour ma part, elles étaient accentuées en fin de journée et je savais qu'en rentrant, après ma journée de travail, j'allais peut-être vomir sur le chemin du retour. Autant dire que je mangeais très peu le soir et que j'en ai loupé des sorties entre amis.
Un dimanche de mars, on se rend à la Sucrière sur Lyon pour voir l'exposition sur le photographe Eliott Herwitt. J'avais déjà vu passer ses photos (et forcément vous aussi), mais je découvre l'ensemble de son œuvre et j'aime beaucoup. C'est à la fois un travail de reportage, photographe de rue, de voyage et puis plus édito. Mais plus on tourne dans le musée et plus j'ai envie de m'asseoir, de faire une pause. J'ai chaud, je ne suis pas bien. On devait aller prendre un café en sortant mais on écourte finalement la sortie et on fait bien car je vomis sur le chemin du retour. Puis je vomis à la maison. Je vomis après la douche, je vomis après le goûter, et puis après avoir bu un verre d'eau, après avoir pris des médicaments ... Vous l'aurez compris, mon estomac ne supporte plus rien. On ne se serait pas trop inquiétait si j'avais pu boire, mais même ça m'était impossible.
Même quand ça va mieux, que je peux ressortir, retravailler, j'ai encore un traitement. Et je continue ma technique du grignotage régulier.
On me répète que les nausées vont passer au 4e mois. Je m'accroche à cette idée. Et je garde une bassine pas loin de moi en attendant.
J'ai passé 1 mois tranquille puis les deux suivants avec des nausées H24 à gérer tant bien que mal, à me coucher à 21h, à ne pas sortir en fin de journée car je ne sais pas si je vais être malade ou pas.
Et puis arrive le 4e mois ...
2e trimestre
On m'avait dit que les nausées pouvaient disparaître du jour au lendemain. Et ça a presque était le cas. Petit à petit, je peux me passer de grignotage, j'espace les prises de médicaments jusqu'à ne plus ressentir de nausées. J'ai de nouveau plus d'énergie, je peux veiller jusqu'à 23h, sortir, voir des amis ...
Je peux enfin profiter de ma grossesse, d'autant plus que je peux l'annoncer autour de moi. C'est un soulagement, je peux me reposer sans que l'on croit que je suis malade, je n'ai plus à trouver d'excuse pour refuser une tarte au citron meringuée (interdite pendant la grossesse car contient des œufs crus)...
D'autant plus que mon ventre commence à s'arrondir, la grossesse est bien visible. C'est l'occasion pour quelques photos : des autoportraits et puis des photos faites par des copines photographes.
Les nausées étant finies, je peux à nouveau profiter des bons petits repas (mais toujours avec les restrictions de la grossesse), des sorties en famille / amis, du cinéma ...
J'aime être enceinte. Surtout parce que je réalise que mon corps est en train de faire quelque chose d'incroyable : je suis en train de fabriquer un être humain.
Et si j'ai du mal à réaliser que j'abrite un petit cœur, les coups que bébé commencent doucement à donner me le signifient. Croyez le ou non, je ressens le premier petit coup le jour de la fête des mères. C'est comme une petite bulle qui éclate dans le ventre. Je passe mon temps à caresser ce petit bidou comme pour apaiser le petit être qui s'y cache.
Pourtant, j'oublie régulièrement que je suis enceinte. Je fais mes journées normalement, je suis encore dans les mois où je peux me mouvoir sans problème, faire de la voiture, mettre mes chaussures toute seule (eh oui, ça va changer ...) ...
Je mets de l'huile pour les vergetures depuis quasiment le début de ma grossesse, peut-être depuis le second mois. J'utilise l'huile vergetures aux 10 huiles précieuses d'Aroma-zone et je l'ai trouvé très efficace. Je l'ai appliqué une fois par jour durant toute la grossesse et moi qui ai pourtant la peau sensible, je n'ai eu absolument aucune vergeture. J'en ai fait un petit rituel ; c'était mon compagnon qui ensuite appliqué l'huile sur mon bidou.
Photos par Marlene Roll Arts |
J'ai plusieurs shootings et mariages à cette époque là. Je prévois quand même le coup et demande à une collègue photographe de me relayer sur un mariage fin mai ; je fais toute la journée et elle se charge de la soirée.
Comme mon ventre commence à se voir, les gens commencent à faire attention à moi, à me poser des questions sur le bébé, sur ma grossesse ... On me laisse même passer devant à la pharmacie (Mais on ne me laisse pas la place assise dans les transports en commun lyonnais...)
Photo par Amélia Courtial |
Je trouve ce ventre qui s'arrondit très joli. J'aime être deux.
Je m'amuse à me faire des petits looks de femme enceinte. Je peux encore utiliser mes habits ordinaire, j'investis seulement dans quelques pantalons / leggings de grossesse (et je l'aurais fait avant si j'avais su le confort que c'est ! Je ressemble à Obélix mais au moins je suis à l'aise).
Et je commence à porter les bas de contention, que je porterai tous les jours pendant toute ma grossesse. J'avais fait un petit malaise et ma gynéco m'a dit que les bas de contention peuvent éviter ce problème. Et si ça peut aussi m'éviter des soucis de santé, et puis de gonfler des chevilles, alors ce n'est vraiment pas grand chose.
Bébé prend de plus en plus de place dans mon ventre. Je mange donc un peu moins que d'habitude car mon estomac est tout serré. Je mets du temps à digérer, je fais plein de petits rots.
Côté matériel de puériculture, j'écume Vinted et LeBonCoin. Et à la fin du 2e trimestre, on commence à avoir l'essentiel pour bébé. On privilégie les objets de seconde main et qui pourront être évolutifs. (Mais je vous ferai un article spécial sur ce sujet).
3e trimestre
J'avais 3 semaines de vacances de mon travail salarié. Je commençais tout juste mes jours de congé, que la secrétaire de ma gynécologue m'appelle, suite à ma dernière analyse de sang. Je suis très anémiée et je dois avoir 2 perfusions de fer sans tarder. Il se trouve que l'on venait tout juste de descendre dans la Drôme. Le lendemain on refait donc le trajet en sens inverse jusqu'à Lyon pour ma première perfusion de fer.
On prévoit de partir la semaine d'après en vacances. Pas très loin, nous n'avons pas prévu de vacances cette année, mais voir de la famille quelques jours. A la perfusion, les sage-femmes repèrent, avec le monitoring qu'elles m'ont placé, que j'ai des contractions. Je n'avais pas du tout remarqué.
On me donne alors du Spasphon a prendre tous les quarts d'heure pour voir comment ça évolue. Les contractions se calment, mais on me dit de lever le pied, de limiter les trajets en voiture, de ne pas trop marcher, de rester tranquille à la maison. Mon corps m'a envoyé une alerte que je dois écouter si je ne veux pas que bébé arrive tout de suite.
J'ai donc appris que je ne savais pas repéré quand mon utérus se contracte, que mon corps peut me trahir, et puis que je vais devoir radicalement changer mon rythme de vie. J'ai vécu mon 2ème trimestre comme si je n'étais pas enceinte, en prenant la voiture, travaillant, faisant séances photos ... Et voilà que je ne dois plus rien faire, de peur que bébé se pointe trop tôt. Je n'ai pas l'habitude de ne rien faire, et de rester à la maison plusieurs jours d'affilés. Je dois tout le temps m'occuper, sortir ... Et si je reste à la maison, j'en profite pour faire du rangement, du ménage... Et ce genre d'effort m'est désormais interdit.
Je commence à repérer les contractions. Je ne fais plus de trajet en voiture, ou seulement pour les rendez-vous médicaux (et en prenant du Spasphon avant et après), je ne marche pas beaucoup ou juste dans la rue, j'évite de rester assise à un bureau pour pas que bébé me pèse ...
Je passe quelques jours à déprimer, faisant le deuil de ma grossesse idéale. Je voulais partir en vacances, faire une séance couple / grossesse avec une photographe, dire au revoir à mes collègues ...
Mais tout ça n'aura pas lieu : je passe les vacances sur mon canapé (puis arrêt maladie, puis congé pathologique), je fais juste quelques photos moi-même à la maison, et j'invite 5-6 collègues à venir à moi, puisque je ne peux plus me déplacer.
Puis je me dis que ça va être comme pendant le confinement (avec ma capacité à me mouvoir à ma guise en moins). Je me fais une petite liste de choses que je peux faire, je me crée une routine (lecture le matin, film / peinture / écriture / bricolage l'après-midi). J'alterne les jours où je veux juste rester allonger à déprimer et les jours où j'ai plein d'idées de bricolages faciles.
C'est difficile de se sentir diminuer physiquement. Il y a plein d'actions du quotidien que je ne peux pas faire comme avant (monter les escaliers, s'accroupir / se relever ...).
Je n'ai pas envie que bébé naisse en août ou septembre, mais qu'elle attende encore un peu.
Et puis arrive le mois d'octobre. Si elle arrive maintenant, elle ne sera plus prématurée. Elle peut donc arriver à tout moment.
Mes journées sont consacrées à son attente.
Ma gynéco m'annonce que si rien ne se passe, on va déclencher l'accouchement la semaine qui suit. Je me fais à cette idée, je planifie un rendez-vous avec les sages-femmes.
Et puis un jour ...
(la suite dans un autre article ...)